Nice : Les lycéens achètent leurs places en cours de natation !

Publié le par Breizh Swimmers

Avec son bassin de 25 m, la piscine Saint-François, dans la vieille ville, est suroccupée. Elle doit accueillir le public, les associations, les clubs mais aussi les écoles, collèges et lycées... : Photo Richard Ray

On connaissait la pratique des places de concert qui se revendent sous le manteau. On ne savait pas, en revanche, que ce phénomène touchait l'activité natation dans les lycées. Que des élèves de terminale achetaient leurs places pour aller nager en cours de sport ! Cela à la stupéfaction des proviseurs et profs d'EPS (éducation physique et sportive) qui ignoraient ce genre de tractations à la sortie des bahuts. Alors pourquoi ce drôle de marché noir ?

Au baccalauréat, les élèves de terminale doivent passer une épreuve d'éducation physique et sportive. Avec, au choix, des menus sport comportant chacun trois activités obligatoires. Parmi elles, la natation qui rapporte des points en plus dès lors que l'on sait flotter. Pas étonnant, alors si cette activité a le vent en poupe. Du coup, certains établissements, dépassés par cette demande lycéenne en quête de bonus au bac, ont dû pratiquer une sélection. Éliminer le trop-plein d'élèves pour l'épreuve de piscine en procédant à un tirage au sort. « C'est ce qui s'est produit dans mon groupe, rassemblant trois classes de terminale, raconte Philippe, 17 ans, en terminale dans un lycée du centre-ville. Sur les 25 places offertes en natation, il y avait 27 postulants. Deux ont été éliminés par tirage au sort. Comme ils voulaient présenter à tout prix cette épreuve au bac, ils ont démarché les élèves de mon groupe pour acheter leur place à la piscine. Et elles se sont vendues. À 20 et 50 ? ! »

Pénurie de bassins

Ce phénomène (marginal ?) illustre bien le manque de bassins à Nice. Or, cette pénurie de lignes d'eau est aggravée par la fermeture, pour cause de travaux, de la piscine municipale Jean-Médecin, à Magnan. Dans le centre-ville, le choix des lycées se résume donc à une seule piscine municipale : celle de Saint-Francois ! Entre l'accueil du public, des clubs, associations et des scolaires (écoles, collèges et lycées), ce bassin de 25 m est saturé. Pour se transformer certains jours en un bain bouillonnant... Et il est impossible d'augmenter les créneaux horaires des scolaires sans pénaliser les autres usagers (lire par ailleurs).

Dans les lycées, on reconnaît que l'organisation des cours de natation relève d'un casse-tête chinois. « Nous partons des plages horaires qui nous sont octroyées pour caser, en fonction des emplois du temps, le maximum d'élèves de terminales, explique un chef d'établissement. Du coup, les 25 places imposées, pour des raisons de surveillance et de sécurité, sont très vite remplies. »

Difficile, pour ces proviseurs, de procéder autrement. « L'organisation des cours de natation au lycée ne part pas des besoins des élèves, mais de la capacité d'accueil des piscines municipales. Dès lors, nous sommes coincés. »

Seuls deux lycées tirent leur épingle du jeu. Le Parc-Impérial qui a tout sous la main : courts de tennis, gymnase, plateaux sportifs et même sa piscine réservée au Piol ! Et le lycée Thierry-Maulnier, qui outre ses terrains de basket, dispose du parc des sports Charles-Ehrmann et de la piscine Saint-Augustin, situés à proximité.

Reste tous les autres bahuts qui tirent la langue pour emmener leurs élèves nager... Au lycée Apollinaire, le proviseur a résolu le problème en supprimant, il y a deux ans, les cours de natation à la piscine Jean-Bouin. « J'ai fait le compte. Entre les créneaux horaires limités, les emplois du temps des lycéens, le transport, l'attente dans les vestiaires, les élèves, pour deux heures de cours de sport, restaient 25 minutes dans l'eau ! »

Véronique Mars

Publié dans Divers

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