Au plus près des migrants de Calais, par solidarité

Publié le par Breizh Swimmers

Un ex-champion de natation, maître-nageur à la piscine de Calais, est de ces citoyens qui détournent la tête lorsqu'ils croisent un homme en difficulté. En pleine crise conjugale avec sa femme qui, elle, milite auprès des clandestins cachés dans la région après la fermeture du camp de Sangatte, il change d'attitude. D'abord pour tenter de la reconquérir. Ensuite par prise de conscience.

Car il a rencontré un jeune réfugié kurde de 17 ans qui voudrait traverser la Manche, rejoindre l'Angleterre à la nage afin d'y retrouver sa fiancée, et qui lui demande de lui apprendre à nager. Il va l'aider, faire fi d'un voisinage hargneux et prompt à la dénonciation, se retrouve mis en examen. Telle est l'intrigue de Welcome de Philippe Lioret.


UNE AIDE PROSCRITE PAR LA LOI


"J'aime les êtres humains qui font des progrès : un peureux qui devient courageux, un lâche qui surmonte sa lâcheté", dit Vincent Lindon, dans le bonus du DVD. Il est l'interprète bouleversant du personnage emblématique de ce film.

 

S'avouant touché par cette histoire de la découverte de l'esprit civique, l'acteur s'enflamme : "Aujourd'hui, venir en aide à quelqu'un qui est en situation irrégulière est passible d'une peine de cinq ans de prison et d'une amende de 30 000 euros. La fraude électorale, ce n'est pas grave, mais aider un Kurde qui dort dans la rue, c'est proscrit !"

 

Et de faire l'apologie de ce cinéma hérité de Frank Capra : "Truffaut disait que dans tout grand film de fiction, il y a un documentaire. Les films qui m'accaparent sont ceux où j'apprends quelque chose sur mes concitoyens et sur le monde dans lequel je vis. Le documentaire suscite l'intérêt, mais seul le romanesque déclenche la révolte."

 

Après Welcome, le député PS Daniel Goldberg a déposé une proposition de loi visant à dépénaliser le délit de solidarité. Cette proposition a été rejetée à l'Assemblée nationale, le 30 avril 2009. De son côté, Natacha Bouchart, la maire UMP de Calais, s'est insurgée contre ce film qui donnait une mauvaise image de sa ville. Et le ministre Eric Besson a déclaré que le délit de solidarité était "un mythe".

 

Ce que démentait Jean-Claude Lenoir dans nos colonnes au moment de la sortie du film : "Ce que montre le film est la triste vérité. Matraquage, gazage sont le lot quotidien de ces migrants. Ce qu'on a vu ici depuis six ans est inimaginable. Personnellement, j'ai déjà eu trois procès" (Le Monde du 11 mars 2009). Cofondateur de Salam, association d'aide aux migrants basée à Calais, ce dernier fut mis sous écoutes téléphoniques. Il déclarait que, pour ne pas être mis en prison, il fallait opérer "discrètement. A gauche comme à droite, ils sont d'accord sur ce point : le plus important c'est que cela ne se voie pas."

 



Publié dans Divers

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